La vie des musées
Pour Lucie Marinier, la conservation, l’acquisition et la monstration des œuvres est un sujet particulièrement révélateur de la question de l’ingénierie culturelle et de la création. La grande variété d’œuvres – organiques, numériques, etc. – influence les modes de conservation. La question de la volonté de l’artiste se pose mais aussi d’autres, comme celle de l’environnement. Elle fait notamment référence aux bâtiments climatisés. Quid de la recherche ? Lucie Marinier rappelle que le Cnam est historiquement un lieu de la culture scientifique, technique et industrielle. Par conséquent, la recherche a toujours existé en son sein. Elle remarque que ces enjeux sont nouveaux pour les musées d’art. Pour conclure, elle donne son point de vue sur les résidences, expliquant comment elles ont évolué, notamment en se développant en partenariat avec des entreprises privées.
L’art dans l’espace public
Lucie Marinier énonce les quatre grands enjeux de l’ingénierie culturelle : les mutations écologiques, numériques, celles liées aux lieux de culture (sur leurs missions par exemple) et celles de la diversité des publics. Elle fait la distinction entre le rôle des prestataires et des expertises extérieures et insiste sur la nécessité que tous les corps de métier travaillent ensemble en amont de la création des œuvres. Cette méthode doit s’appliquer pour les œuvres installées dans l’espace public. Elle cite l’exemple réussi du Black Market à Copenhague ainsi que les œuvres faisant intervenir de la lumière. Elle explique ensuite la différence entre les commandes publiques et les appels à projet. Elle explique pourquoi la tâche des ingénieurs culturels est fondamentale et complexe.
Art et questions environnementales
L’écologie et le changement climatique ne sont pas des problématiques nouvelles pour les artistes. Lucie Marinier fait référence aux années 1960/1970. Aujourd’hui les artistes sont très nombreux à aborder ce sujet, et sous des angles multiples et divers. Et ils utilisent des méthodologies scientifiques variées, comme l’enquête. Cela se vérifie dans les arts visuels mais aussi dans le spectacle vivant. Ce qui est plus récent, c’est que désormais on s’interroge sur le coût environnemental des expositions et de la conservation. Lucie Marinier donne l’exemple des régisseurs d’œuvres d’art qui ont, depuis 5 ans, changé leur façon de penser et de faire. On est également désormais attentif à l’empreinte écologique liée aux visiteurs. Elle cite l’exemple du Louvre dont plus de 95 % du bilan carbone vient de ses visiteurs étrangers. Pour terminer, Lucie Marinier évoque les œuvres installées dans l’espace public conçues pour être éphémères.
Sur les politiques culturelles
La question du care dans le champ de l’art est un sujet émergent qui est abordé au Cnam à travers la chaire Humanité et santé. Lucie Marinier croit au fait que l’art peut soigner et en l’interaction entre le soin des œuvres et le soin des gens par les œuvres. Elle défend les pratiques amateurs et donne l’exemple de la chorale. A propos des financements publics et des différents échelons (Ville, Région, État), elle reconnaît que la période est critique – mais passionnante – et donne quelques détails sur les débats liés à la décentralisation. Elle prend l’exemple du métier de directeur des affaires culturelles qu’elle a exercé à Créteil. Il y a actuellement une remise en cause des bienfaits des politiques culturelles territoriales car d’autres enjeux, comme l’écologie et la diversité, ont fait leur apparition. Elle dénombre trois gros secteurs culturels et artistiques en France : le secteur de l’œuvre unique, le secteur des industries culturelles et créatives et le secteur des arts appliqués. Elle constate que les frontières sont de plus en plus poreuses. A travers les exemples de Avignon et du Havre, elle conclut que si la culture a un coût, elle peut aussi être source de revenu.
Les publics de l’art
La figure du commissaire d’exposition a changé ces dernières années car désormais « c’est un métier qu’on apprend ». Lucie Marinier considère les curateurs comme des auteurs à part entière et rappelle à quel point ce métier est précaire. Elle aborde ensuite les problématiques musée-public. Plusieurs questions se posent : comment élargir les publics et faire venir les plus éloignés ? Et pour leur transmettre quoi ? Comment favoriser leur participation et leur implication ? Comment présenter ce qui dérange ? Lucie Marinier fait référence à l’exposition Larry Clark qui a fait débat en 2011. Après avoir évoqué les récentes actions des militants écologiques, elle analyse les liens entre Internet et le musée. « Il faut trouver la bonne articulation entre la consultation en ligne et l’expérience physique ».
« Apprendre tout à tous »
Lucie Marinier rappelle que le Cnam a été créé par l’Abbé Grégoire en 1793 dans le lieu même où il est toujours installé aujourd’hui. « Apprendre tout à tous », tel est son crédo. En pratique, cela signifie que l’on peut s’inscrire dans une unité d’enseignement sans avoir le bac, et finir docteur ou ingénieur. Ce qui en fait un lieu unique, c’est aussi son savoir-faire en termes pédagogique : « On invente tout le temps et on a une vraie liberté en tant qu’enseignant ». Elle explique que la chaire dont elle est responsable (Ingénierie de la culture et de la création) travaille en lien avec les autres chaires et avec les écoles d’arts appliqués. Elle cite un projet en cours : le développement d’une école de la transition écologique du développement soutenable qui implique les équipes pédagogiques des sciences de l’ingénieur et des sciences humaines et sociales du Cnam.
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