Low tech ou technologie adaptée ?
Depuis des décennies, de nombreuses réflexions sont menées sur les technologies dites « durables » et accessibles à tous. Dans une optique de durabilité, les innovations « low-tech », par opposition au « tout high-tech », s’inscrivent dans une démarche qui questionne nos besoins réels, interroge nos modes d’organisation territoriale et renouvelle nos imaginaires : il s’agit de développer des produits et services les moins intensifs et complexes en technologie et de limiter les impacts environnementaux induits dans les usages, les comportements et les modes de consommation. L’intensité dont on parle est alors une intensité des usages.
Innovation « low-tech » ?
Une approche systémique de l’innovation, repensée au regard des usages réels et de sa capacité à transformer la société par de moindres intensité et complexité technologiques et à produire de la résilience territoriale.
L’innovation « low-tech » prend comme point de départ l’usage et la durabilité en repensant l’innovation d’abord sous contrainte de ressources puis, éventuellement, sous contrainte de coût, pour développer des produits et des services plus simples, plus sobres en ressources et en énergie, plus facilement recyclables, sans perte de matière et mieux proportionnés aux besoins satisfaits. Elle peut aussi conduire à se passer du produit ou du service lui-même par une transformation sociétale ou organisationnelle (la production locale pour éviter le transport, etc.). Elle vise donc à construire une stratégie plus globale, plus systémique, davantage centrée sur les usages et un horizon politique de discernement technologique, dans un souci de qualité, de soutenabilité et de résilience maximales.
Recherches
Ces recherches ont été menées en collaboration entre Villette Makerz et AZIMIO pour explorer le sujet des « innovations low-tech », avec le soutien de l’Agence de la transition énergétique (ADEME). Alors que les technologies ont acquis une place prépondérante dans nos façons de produire, de consommer et de vivre, la démarche low-tech, aussi qualifiée de démarche de « discernement technologique » interroge le « juste » niveau de technologies à employer en fonction des usages.
Au cœur du Parc de la Villette, nous avons souhaité explorer les intérêts et les enjeux pour des institutions culturelles à se saisir de mouvements culturels actuels tels que la transition écologique, ou encore les low-techs.
Espace d’accueil du public et d’expression des artistes qui y sont invité.e.s, une institution culturelle est un lieu de représentation fort, invitant à vivre des expériences sensibles individuelles et collectives uniques. Un espace où penser et expérimenter des pratiques émergentes par la création d’œuvres, la production d’événements et le mode d’accueil des publics. Un lieu de diffusion d’images et d’artefacts, venant interroger notre regard sur les choses et renouveler notre rapport au monde.
Notre question a donc été la suivante :
« Quel rôle ont les institutions culturelles dans la diffusion d’imaginaires low-tech ? »
Autrement dit, il s’est agi de se poser la question de la responsabilité et du pouvoir des institutions culturelles dans le mouvement de réflexion sur les technologies et dans la construction de récits alternatifs venant façonner nos pensées et nos consciences, et éventuellement modifier nos façons de faire et d’agir.
Nous nous sommes pour cela interessé.e.s aux différents outils des institutions culturelles, dont:
- La programmation culturelle
- La scénographie et les outils d’exposition
- Les modalités d’accueil du public
Conçue comme un maillon de notre réflexion, l’exposition 100% est un outil de médiation adaptable et évolutif qui permet de mettre en débat ces questions.
Qu’est-ce qu’un quotidien low-tech ?
C’est autour de cette question que s’articule le contenu de cette exposition. En abordant la question des low-tech par le prisme des modes de vie et des projections individuelles, la dimension technique ou techniciste des low-tech est mise de côté pour se concentrer sur nos expériences intimes avec les objets du quotidien.
En montrant des objets bien réels, conçus dans une démarche de sobriété technique et technologique, cette exposition questionne l’idée qu’une innovation est souvent un progrès technologique “high-tech” ou “numérique”.
Ainsi, la force du travail des artistes exposé.e.s est d’ouvrir la voie à des possibilités d’existence alternatives et vraisemblables par le biais de nouveaux usages quotidiens.